
Avez-vous déjà fait des erreurs au tricot ? Si oui, vous êtes… une personne normale !
Mais il se peut que ces erreurs gâchent vos moments créatifs. Elles vous ont peut-être même fait abandonner ce pull ou cette écharpe qui vous enthousiasmait tant au fond de votre armoire. Si c’est le cas, ne vous découragez pas. Au contraire, voyez cela comme une opportunité d’apprendre et de progresser.
Je vous comprends, il peut être frustrant d’avoir investi du temps et de l’argent dans un ouvrage pour, au final, ne pas obtenir un résultat parfait. On pourrait se dire : « La prochaine fois, j’achèterai tout fait en magasin ! ». Si comme moi il vous arrive de vous montrer perfectionniste, vous savez que cette tendance peut être parfois une alliée, mais bien souvent une ennemie, car elle peut vous paralyser et vous empêcher d’avancer, vous privant de nombreuses joies. Votre amour du détail sera utile tout au long de votre parcours. Il vous aidera à soigner les finitions et à tendre toujours plus vers votre objectif. Mais comme dans tout savoir-faire, on n’apprend pas sans faire des erreurs. C’est une réalité avec laquelle il vous faudra composer quelque temps au début, mais rassurez-vous, ce nuage ne planera pas longtemps au-dessus de votre tête. Vous apprendrez vite de vos erreurs et vous vous sentirez de plus en plus pousser des ailes ! Et puis, le fait-main ayant quelque chose d’addictif, il se pourrait même que vous appreniez à aimer les petits défauts de vos créations, défauts qui les rendront uniques à vos yeux.
Apprendre à gérer ses erreurs est pour moi une des clés pour progresser au tricot. Cela vous permettra de gagner en autonomie et vous évitera de bloquer sur un projet en attendant qu’une amie tricoteuse solutionne votre problème. Ayant moi-même appris en autodidacte, je partage ici quelques moyens que j’ai trouvés utiles pour éviter et réparer certaines erreurs.
Éviter les erreurs
Choisir le bon moment et le bon endroit
Le tricot séduit par son côté nomade. Beaucoup de tricoteuses aiment donc emporter leur ouvrage partout avec elles. Mais si vous commencez, je vous déconseille de tricoter dans n’importe quel environnement. Le mieux est de choisir un endroit calme et sans source de distractions au début. On me demande souvent : « Est-ce que tu arrives à tricoter devant la télé ? ». La réponse est « oui et non ». Si je travaille sur une partie simple avec un point classique, je peux facilement le faire sans garder les yeux braqués sur mes mailles. Mais si je dois tricoter un point complexe que je ne maîtrise pas encore, ou alors une section technique avec beaucoup d’augmentations et de diminutions, je réserve cela pour les moments où je ne serai pas dérangée. Pareil pour les salles d’attente ou les transports en commun. Il n’y a rien de pire que d’être sur une partie sensible et d’être interpellée par le médecin ou interrompue par le contrôleur. On risque de perdre une maille ou de ne plus savoir où reprendre ensuite. Avec l’expérience, vous arriverez à savoir quel type de projet vous pouvez amener avec vous en vadrouille, mais au début, mieux vaut rester prudente et s’épargner des erreurs inutiles.
Prendre des notes
Si vous avez passé le cap de l’écharpe toute droite et souhaitez vous aventurer vers un modèle plus complexe à partir d’un patron, assurez-vous de prendre des notes tout au long du projet. Chacune a sa méthode. Certaines préfèrent écrire dans un carnet, faire des annotations directement sur le patron PDF ou utiliser une application. Pour ma part, cela dépend des projets, mais j’écris des notes systématiquement. Je favorise souvent le carnet (pour ne pas abîmer mon livre ou mon patron imprimé) ainsi que le format numérique. J’utilise notamment l’application Knitandnote (dispo uniquement en anglais) qui intègre la sauvegarde de mes patrons, des compte-rangs, ainsi que tous les détails de mon projet. Vous pouvez également prendre des notes en créant une fiche projet dans votre profil Ravelry.
L’important est de garder une trace des éléments suivants :
- Taille tricotée (je l’entoure ou la surligne sur le patron et dans toutes les instructions)
- Taille d’aiguilles utilisée
- Laine utilisée
- Échantillon (nombre de mailles et de rangs pour un carré de 10×10 cm = la base nécessaire pour tout projet !)
- Où reprendre (à chaque fois que je mets en pause mon ouvrage)
Sur mes premiers pulls, j’aurais évité pas mal d’erreurs si j’avais appliqué cette méthode. En effet, quand on se lance dans de gros projets au début, le travail peut s’étendre sur plusieurs mois avec parfois des interruptions. Dans mon cas, j’avais laissé un projet de cardigan en attente sur toute une saison et il ne me restait plus qu’une manche à tricoter. Malheureusement, au moment de reprendre, j’ai utilisé la taille d’aiguilles figurant dans le patron. J’ai oublié que j’avais pris une taille légèrement différente sur l’ensemble du projet (pour correspondre à l’échantillon). Résultat : je me suis retrouvée avec une manche plus longue que l’autre !
Utiliser un compte-rang et des anneaux marqueurs
Ces petits objets deviendront vite vos meilleurs amis ! Personnellement, j’utilise des compte-rangs manuels (à accrocher ou non sur l’aiguille) et les compte-rangs de l’application Knitandnote (application en anglais). Si le patron demande par exemple de faire des diminutions sur 12 rangs tous les 3 rangs, j’utilise dans ce cas deux compte-rangs distincts pour m’y retrouver (un pour savoir combien de diminutions j’ai faites sur les 12 et un pour savoir où j’en suis dans l’alternance des 3 rangs).




Les anneaux marqueurs seront bien sûr placés aux endroits indiqués dans le patron, mais on peut aussi les mettre à d’autres endroits pour servir de repères, par exemple toutes les 10 mailles sur un long rang afin de faciliter le comptage. Il en existe des fixes, qui sont comme de petites bagues à faire glisser sur vos aiguilles au fur et à mesure que vous tricotez, et des ouvrables, qui ressemblent à des épingles à nourrice et qui peuvent être placés ou retirés à n’importe quel moment.

Placer un fil de sécurité
Un fil de sécurité est un reste de laine (souvent de couleur contrastante) qu’on va placer à un endroit stratégique. Par exemple, on peut en mettre un juste avant de commencer un point complexe sur notre ouvrage. En cas d’erreur, le fil de sécurité nous donnera une base solide sur laquelle revenir. Pour cela, on va utiliser un fil plus long que notre rang et le faire passer avec une aiguille à laine à travers les mailles du rang en cours. N’hésitez pas à utiliser un fil assez fin pour pouvoir passer facilement entre les mailles, mais assez épais pour ne pas casser (ici j’en ai pris un plus épais pour que ce soit bien visible).

Corriger ses erreurs
Savoir les repérer
Pour faciliter la correction des erreurs, mieux vaut les identifier le plus tôt possible. Si vous débutez, n’hésitez pas à contrôler votre travail à la fin de chaque rang pour vérifier que vous n’avez pas perdu de maille ou que vous ne vous êtes pas trompée dans le point. Vous pourrez alors facilement revenir en arrière en détricotant les mailles de votre rang jusqu’à celle qui pose problème (il existe de nombreux tutos qui montrent comment détricoter un rang).
Avec le temps, lorsque vous serez habituée au point que vous tricotez et saurez rattraper des mailles perdues, vous pourrez faire cette vérification au bout de plusieurs rangs seulement. Malgré l’expérience, il vous faudra quand même vérifier votre tricot assez souvent en cas de point complexe (p. ex. dentelle), car les erreurs sur ce genre de point sont difficilement rattrapables après coup.
Rattraper des mailles perdues
Si vous vous apercevez qu’un trou s’est formé dans votre tricot à cause d’une maille perdue sur quelques rangs précédents, tout n’est pas fini. Si la partie se compose de mailles endroit ou de mailles envers, vous pouvez facilement reformer la maille, même sur plusieurs rangs ! Pour cela, le plus simple sera de vous munir d’un crochet (de taille légèrement inférieure à celle de vos aiguilles). Cela reste possible même si on ne possède pas de crochet, mais disons-le, avec un crochet, c’est bien plus rapide. Beaucoup de vidéos montrent comment le faire, que ce soit sur maille endroit, sur maille envers ou encore sur des côtes. L’opération reste néanmoins difficile pour les points comportant des surjets ou des mailles glissées.
Détricoter
Si l’erreur se situe sur un point complexe ou sur une partie technique (avec augmentations ou diminutions), il vous faudra probablement détricoter vos derniers rangs.
Dans ce cas, assurez-vous de placer un fil de sécurité en dessous de la zone à corriger pour pouvoir récupérer plus facilement vos mailles et repartir du bon endroit. La méthode est la même que celle donnée plus haut : on utilise un reste de laine de couleur contrastante plus long que notre rang et à l’aide d’une aiguille à laine, on vient l’insérer à travers les mailles en piquant dans le brin droit de chaque maille (brin droit du V). Mais cette fois, on effectue l’opération sur le rang juste en dessous de notre petit défaut.

Réparer
Pour d’autres erreurs, il sera possible d’effectuer une petite réparation au moment de rentrer les fils. Par exemple, il m’est souvent arrivé d’avoir une maille trop lâche au niveau de l’emmanchure d’un pull. Dans ces cas, j’utilisais un bout de fil (que je devais rentrer à proximité ou que je rajoutais) pour resserrer la maille et refermer le trou apparent.
Accepter ses erreurs
Reste que parfois, vous vous rendrez compte de votre erreur trop tard. Mais cela ne veut pas dire que votre ouvrage devra prendre la poussière ! Pour les défauts mineurs, faites l’essai et demandez à un membre de votre famille ou à un ami s’il remarque quelque chose. Si vous n’avez fait qu’une petite erreur dans le point, il se peut qu’à part vous personne ne le sache jamais ! C’est par exemple ce qui m’est arrivé avec mon premier bonnet à torsades. Honnêtement, je n’ai vu le défaut que longtemps après l’avoir porté et il reste malgré ça mon bonnet chouchou… Trouverez-vous l’erreur ?


Vous la voyez, cette petite torsade rebelle ?
Pour les erreurs plus conséquentes, tentez d’identifier la cause du problème et cherchez ensuite des tutos ou des astuces pour éviter de refaire l’erreur une prochaine fois. Ce projet ne sera pas un échec puisqu’il vous aura appris quelque chose de précieux dont vous vous souviendrez certainement à l’avenir.
Le tricot m’a ainsi appris à faire preuve de patience envers moi-même, à être plus indulgente et à savoir apprécier mon travail. Cet équilibre s’acquiert avec le temps. Je travaille encore dessus, mais il m’a déjà aidée à gagner en confiance et en sérénité.
Et vous, quelles erreurs faites-vous fréquemment ? Quelles qualités avez-vous développées grâce au tricot ?